Le Nutri-Score, ce petit logo coloré qui orne de plus en plus de produits alimentaires, est censé guider les consommateurs vers des choix plus sains en matière de nutrition. À première vue, son principe est simple et séduisant : une échelle allant de A à E, du vert au rouge, permettant de repérer en un clin d’œil la qualité nutritionnelle d’un aliment.
Mais derrière cette façade simpliste se cache une réalité bien plus complexe. Ce système est loin d’être parfait, et même, pour certains, il est une aberration. Pourquoi ? Et surtout, quelles seraient les alternatives plus justes ? Faisons le point.
Sommaire
- Le Nutri-Score ne prend pas en compte le taux d’industrialisation des produits
- Un manque de prise en compte des portions et des habitudes alimentaires
- Une standardisation qui ne tient pas compte des besoins individuels
- Avoir une approche holistique de son alimentation
- Quelles alternatives au Nutri-Score ?
- Un avenir sans Nutri-Score ?
Le Nutri-Score ne prend pas en compte le taux d’industrialisation des produits
L’un des grands oublis du Nutri-Score réside dans sa non-prise en compte du taux d’industrialisation des produits alimentaires. Le score se concentre uniquement sur la teneur en nutriments comme les graisses, le sel ou le sucre, sans jamais évaluer le degré de transformation du produit (lire également : Les effets et les dangers du sucre sur votre corps, votre cerveau et votre humeur). Or, les aliments ultra-transformés sont souvent truffés d’additifs, de conservateurs et d’agents de texture, qui n’apparaissent pas dans la notation, mais qui ont pourtant des impacts potentiels sur la santé. Des études¹ montrent que la consommation régulière de produits ultra-transformés est associée à des risques accrus de maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète, et les maladies cardiovasculaires.
En ignorant la qualité des procédés industriels et en permettant à certains produits reformulés d’obtenir de bonnes notes, le Nutri-Score peut induire les consommateurs en erreur. Un produit ultra-transformé bien noté sur l’échelle, parce qu’il contient moins de sucre ou de matières grasses, n’en reste pas moins un aliment qui peut être nocif pour la santé lorsqu’il est consommé en excès ou régulièrement. Ainsi, la simplification extrême du Nutri-Score risque de détourner les consommateurs de produits plus naturels et moins transformés, qui, même avec un score plus bas, sont souvent meilleurs pour la santé sur le long terme.
Un manque de prise en compte des portions et des habitudes alimentaires
Le Nutri-Score ne tient pas compte des portions ni des modes de consommation. Si vous mangez un carré de chocolat (classé D ou E), cela ne représente pas le même impact sur la santé que si vous en consommez une tablette entière. De la même manière, un produit ultra-transformé avec un Nutri-Score A, consommé en grande quantité, peut avoir des effets négatifs sur la santé.
Le Nutri-Score ne prend pas non plus en compte l’alimentation dans sa globalité. Il se concentre uniquement sur les produits individuels sans tenir compte des combinaisons alimentaires. Or, c’est l’équilibre nutritionnel sur une journée ou une semaine qui importe.
Une standardisation qui ne tient pas compte des besoins individuels
Chaque individu a des besoins nutritionnels différents en fonction de son âge, de son métabolisme, de ses activités physiques ou de ses conditions de santé. Par exemple, une personne active aura besoin de plus de calories et de protéines qu’une personne sédentaire. Le Nutri-Score, en se basant sur une évaluation unique et générale, ignore cette variabilité.
En simplifiant à l’extrême, le Nutri-Score favorise une approche manichéenne de l’alimentation : il y a les bons et les mauvais aliments, mais la réalité est bien plus complexe.
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Avoir une approche holistique de son alimentation
Face aux limites du Nutri-Score, il est essentiel d’adopter une approche holistique de l’alimentation. Cela signifie aller au-delà du simple calcul des calories, graisses et sucres, pour regarder l’alimentation dans son ensemble, en prenant en compte plusieurs dimensions : la qualité des ingrédients, le degré de transformation, les portions, mais aussi l’impact environnemental et le bien-être global.
Cette approche holistique implique d’écouter son corps, d’adapter son alimentation à ses besoins individuels, et de privilégier des produits bruts, locaux, de saison, qui répondent à la fois aux exigences nutritionnelles et environnementales.
Quelles alternatives au Nutri-Score ?
Face à ces limites, plusieurs alternatives au Nutri-Score émergent, des solutions qui pourraient offrir une approche plus nuancée et personnalisée de l’alimentation.
- L’étiquetage Nutri-Inform : Ce système, utilisé en Italie, présente les valeurs nutritionnelles sous forme d’informations claires et non pas d’un classement simplifié. Il permet aux consommateurs de mieux comprendre ce qu’ils consomment sans les orienter avec un code couleur trop simpliste.
- La valorisation des aliments bruts : Un système d’étiquetage qui encourage la consommation de produits frais, locaux et de saison serait une avancée notable pour la santé publique. En misant sur des produits peu transformés et de qualité, on s’éloigne des produits ultra-transformés et de leurs effets néfastes sur la santé.
- Une éducation nutritionnelle : Il serait judicieux d’accompagner les consommateurs vers une meilleure compréhension de l’alimentation. Une éducation à la nutrition permettrait aux individus de faire des choix éclairés en fonction de leurs besoins personnels et d’éviter les pièges des étiquetages simplistes comme le Nutri-Score.
- L’éducation à la lecture des étiquettes : Au-delà des scores, apprendre à décrypter les étiquettes alimentaires est essentiel pour comprendre ce que l’on mange. Savoir repérer les additifs, la quantité de sucres cachés ou le degré de transformation d’un produit est une compétence qui permet de faire des choix plus éclairés.
- L’étiquetage carbone et éthique : Un aliment ne devrait pas seulement être jugé par ses qualités nutritionnelles, mais aussi par son impact sur la planète et les conditions de production. Un système qui intégrerait l’empreinte carbone et des critères éthiques pourrait aider les consommateurs à faire des choix plus responsables à la fois pour leur santé et pour l’environnement.
Un avenir sans Nutri-Score ?
Le Nutri-Score, malgré ses bonnes intentions, présente de nombreuses failles. Sa simplification excessive peut conduire à des choix alimentaires biaisés et contre-productifs.
Les alternatives existent et pourraient offrir une approche plus holistique de l’alimentation. L’étiquetage doit évoluer vers un système qui valorise non seulement les aspects nutritionnels, mais aussi la qualité des produits, leur degré de transformation et leur impact environnemental.
Bref, manger équilibré, ce n’est pas juste une question de lettre ou de couleur, mais une question de bon sens et de connaissances.